J – 16

Le titre pour le nombre de jours restant avant la mise en ligne d’un max de fanfics… Et vous, vous écrivez ?

Moi, je viens d’envoyer à ma super-relectrice extraordinaire ma FF SiP enfin finie. J’étais un peu étonnée d’arriver à m’y mettre cet après-midi car je dois avouer que cette semaine aura été particulièrement dure. Tout ça parce que j’ai participé à la Gay Pride Marche des Fiertés samedi dernier.  Je l’ai fait d’un bout à l’autre (et j’étais contente… de moi, de la journée, de la passer avec des amies que je n’avais pas vues depuis quelques temps).

Par contre, je l’ai payé depuis. Dimanche, je pouvais à peine mettre le pied par terre. Lundi, c’était très raide. Mardi et mercredi furent difficiles au boulot. Aujourd’hui, je commence enfin à récupérer. Demain, qu’une matinée au travail et à nouveau 3 jours : ça devrait enfin aller.

Et enfin, je vais reprendre une habitude que j’avais un peu laissé de côté : deux lectures intéressantes.

Un rapport sur le livre numérique propose quatre pistes pour sauvegarder l’édition

lu dans le Monde

La fragile édition française est à la veille d’un tsunami. Lorsque Christine Albanel, la ministre de la culture, a confié en février à Bruno Patino, président de Télérama et du Monde interactif, une mission sur le livre numérique, elle avait l’intuition d’un changement majeur : le public pourrait-il ne plus lire un livre dans les mains mais sur écran ? Avec quelles répercussions pour les maisons d’édition ?

Pour Bruno Patino, qui a remis son rapport lundi 30 juin, il s’agit d’engager une réflexion « avant qu’il ne soit trop tard ». Premier constat : « Le livre numérique n’est plus, en France, une fiction. » Des pans entiers ont déjà basculé : l’édition scientifique, technique, médicale, juridique. Cela concerne aussi les dictionnaires et les encyclopédies, les livres pratiques, guides de voyage et livres de cuisine, et cela s’amorce pour les ouvrages universitaires et les livres scolaires.

Constatant les changements majeurs dans la musique et le cinéma, Bruno Patino est convaincu que la littérature générale (fiction, essais, BD, jeunesse) pourrait aussi basculer dans le monde virtuel. « La lecture-plaisir sur écran va-t-elle se développer massivement ? » Cette question reçoit un début de réponse positif au Japon, le pays où le livre numérique est le plus développé (3 %).

Il n’existe pas de standard universel pour l' »ebook ». Mais dans le même temps se propage la multiplicité des écrans de lecture. « On peut aisément imaginer un processus de dématérialisation rapide de l’écrit qui adopterait les outils existants », souligne le rapport. Comme si la littérature avançait vers le numérique sans s’en rendre compte.

Le principal danger est l’appropriation de la valeur d’un livre par un acteur étranger à la chaîne du livre. De la même manière qu’Apple fournit de la musique, les opérateurs de télécommunications qui détiennent des réseaux de distribution numérique, voire le libraire en ligne Amazon pourraient devenir des concurrents redoutables pour les éditeurs.

L’AVENIR DES LIBRAIRIES

Le processus de dématérialisation en cours est porteur de trois dangers pour la chaîne du livre. Un auteur de best-sellers pourrait être tenté de suivre un distributeur numérique qui lui ferait des conditions plus alléchantes, évinçant l’éditeur. La distribution et la diffusion des livres effectuées par les principales maisons constituent le deuxième maillon faible. Enfin se joue l’avenir des librairies, essentielles pour la création.

Bruno Patino fait quatre recommandations : promouvoir une offre légale attractive pour le livre numérique afin d’éviter le piratage ; défendre la propriété intellectuelle, qui doit rester la clé de voûte de l’édition ; prévoir des mécanismes permettant aux détenteurs de droits (auteurs et éditeurs) d’avoir un rôle central dans la détermination des prix, car la loi Lang n’est pas adaptée à l’offre numérique, et enfin obtenir un taux de TVA à 5,5 % (contre 19,6 % actuellement) pour l’ensemble des biens culturels numériques.

Alain Beuve-Méry

Et dans un genre tout à fait différent…

Le monde très surveillé du professeur Bobbitt

LE MONDE 2 | 03.07.08 | 09h10

L ‘homme n’apparaît pas sur les plateaux de télévision, pas plus qu’on ne l’a vu au côté du candidat démocrate à la présidentielle Barack Obama, qu’il soutiendra sans doute, ou d’Hillary Clinton, dont il partage les vues. L’œuvre de Philip Bobbitt, cependant, est lue et annotée par chacun des prétendants – il connaît aussi le républicain John McCain – comme par leurs conseillers.

Son dernier livre, inédit en français, Terror and Consent, the Wars for the Twenty-First Century (« La terreur et le consentement, les guerres du XXIe siècle »), sorti ce printemps aux Etats-Unis, a été salué par le New York Times comme l’ouvrage politique le plus novateur et le plus important publié depuis la fin de la guerre froide. Et il ne fait guère de doute que, quel que soit le vainqueur des élections de novembre, Bobbitt sera appelé à Washington pour y jouer un rôle dans les domaines qui sont les siens : sécurité nationale, terrorisme… C’est une phrase de Fitzgerald qui vient en tête lorsque Bobbitt – grand, buste athlétique, sourire cordial, col de chemise ouvert sous une veste au luxe décontracté – ouvre sa porte, au dernier étage d’un immeuble de haut standing de Park Avenue, à New York : « Gatsby croyait en la lumière verte, en l’extatique avenir qui d’année en année recule devant nous. » L’essayiste Paul Berman, qui l’a croisé à l’époque du scandale Monica Lewinsky dans les couloirs du Parti démocrate – où il soutenait les Clinton –, se souvient de lui comme d’un homme doté d’un « absurde physique de séducteur ».

Bobbitt vous fait entrer dans un appartement vide de meubles à l’exception d’une table en bois couverte d’envois de presse et d’une minichaîne stéréo. Sa passion pour les courses de voitures est notoire, celles pour le saut en parachute et les cigares aussi – un cigare plutôt, le Por Larranaga pyramide, « celui que Kipling mentionne dans son poème Le Fiancé », précise-t-il, en vous proposant un whisky. Voici quelques années, pour financer un programme d’aide sociale, il donnait à Austin un cours hors programme intitulé « Comment réussir le parfait martini ».

Car Philip Bobbitt est avant tout professeur de droit constitutionnel aux universités d’Austin (Texas), de Columbia (New York) et d’Oxford (Royaume-Uni), auteur d’une thèse sur le philosophe Ludwig Wittgenstein, et membre d’une multitude d’institutions scientifiques internationales.Et il est sans doute aux Etats-Unis l’un des penseurs qui, avec le plus d’acuité, tentent de réfléchir et de faire comprendre le monde actuel.On peut ne pas partager ses conclusions, mais il est difficile de nier la rigueur à la fois modeste et ambitieuse de sa démarche.

« ETAT-MARCHÉ »

Sa mère, Rebekah Johnson, issue d’une famille de pasteurs baptistes et élevée dans une petite ferme du Texas, avait pour frère cadet un certain Lyndon Johnson – devenu 36e président des Etats-Unis après l’assassinat de John Kennedy en novembre 1963. Six mois plus tard, au début de l’été 1964, le jeune Bobbitt, alors âgé de 15 ans, effectue un stage d’été au service communication de la Maison Blanche. « C’était l’été des émeutes raciales à Harlem, se souvient-il. L’été des meurtres dans le Sud liés aux luttes pour les droits civiques, l’été des lois antiségrégationnistes. L’été de la campagne électorale, et des bombardements au Tonkin. Pour moi ça a été un cours accéléré d’éducation politique. » A Princeton, l’année suivante, écœuré « par la manière dont on enseignait alors la science politique », il quitte la fac pour un an et, sans rien révéler de ses liens de famille, se fait embaucher au sein d’un programme d’aide sociale dans les ghettos.

La suite se déroule dans les arcanes du pouvoir, à Washington.En 1979, à 31 ans, Bobbitt, nommé conseiller associé du président Jimmy Carter, travaille sur la charte de la CIA. Huit ans plus tard, en 1987, membre et conseil juridique de la commission sénatoriale chargée de l’enquête sur le scandale de l’Irangate, il interroge Robert McFarlane, alors conseiller pour la sécurité nationale, et le président Reagan lui-même. « Mon rôle consistait à déterminer leurs responsabilités respectives dans cette affaire de financement d’une milice anticommuniste au Nicaragua avec l’argent de ventes d’armes à l’Iran de Khomeiny. J’ai obtenu la démission de McFarlane. » « Ce qui résume le mieux l’Amérique, c’est sa Constitution, affirme-t-il aujourd’hui. L’idée fondamentale de la Constitution est que le pouvoir doit être gouverné par la loi. » Il ne fait guère de doute pour Bobbitt que l’administration Bush s’est largement affranchie de ce principe, et la récente décision de la Cour suprême désavouant le régime imposé aux prisonniers de Guantanamo au motif que « les lois et la Constitution sont conçues pour rester en vigueur même en des circonstances extraordinaires » ne peut que lui donner raison. Pour lui, cependant, ces dérives, de Guantanamo à l’usage de la torture et au Patriot Act, ne sont pas le produit d’un régime hors de contrôle ou fascisant; elles sont la conséquence d’une incapacité à penser le monde dans lequel nous sommes entrés.

Dès la fin de la guerre froide, la structure de l’Etat-nation conçue au XVIIe siècle après le traité de Westphalie (1648) est devenue obsolète. Bobbitt appelle « Etat-marché » l’entité qui est en passe de lui succéder sous nos yeux : un ordre constitutionnel peu ou prou calqué, vis-à-vis des citoyens, sur la relation d’une entreprise avec ses clients. Songeons à Nicolas Sarkozy, à Berlusconi, voire dans une moindre mesure à Poutine.

Ce passage d’un modèle à l’autre n’est pas sans ironie. « Dans les années 1950, résume Bobbitt, la plus grande contribution de l’Amérique à la stabilité internationale de l’après-guerre a été de maintenir et de diffuser en Occident un modèle de marchés relativement ouverts, un modèle de commerce relativement libre, et un système monétaire relativement stable. Ces éléments ont permis de vaincre les régimes totalitaires. Or, ce sont eux qui aujourd’hui achèvent de miner l’ordre constitutionnel des anciens Etats-nations au profit de l’Etat-marché. » Vue d’aujourd’hui, la décennie 1990, qui a lancé cette transition, paraît donc étrangement optimiste. Le monde voyait dans la chute du mur de Berlin la fin des frontières. L’apartheid était tombé; le processus de paix au Proche-Orient lancé. Fukuyama prédisait la fin de l’histoire et Thomas Friedman analysait le « cercle vertueux » : économie libérale et communication globale allaient porter au bout du monde démocratie et droits de l’homme.

PROLIFÉRATION NUCLÉAIRE

Symbolisées par le 11-Septembre, les années 2000 ont imposé avec violence le retour d’une complexité brutale. Car la contrepartie de cet Etat-marché, son image-miroir en quelque sorte, est le réseau terroriste. Tout comme la peste fut au XIVe siècle l’une des conséquences imprévues de la première globalisation. Là encore, l’ironie est patente. « Prenez Internet, mis au point par l’agence de recherche de la défense au Pentagone, typiquement une idée de la guerre froide : il s’agissait de développer un système de communication susceptible de survivre à une éventuelle attaque nucléaire soviétique. Internet est aujourd’hui le symbole de la globalisation et aussi l’outil sans lequel Al-Qaida ne pourrait pas exister. » Les réseaux terroristes du XXIesiècle, décentralisés, privatisés, susceptibles de sous-traitance, sont, surtout, déterritorialisés – la conquête d’une souveraineté nationale n’intéresse pas plus le Hezbollah au Liban qu’Al-Qaida. La terreur, pour ces mouvements, est à la fois l’arme, un acte de propagande en soi, et un régime politique, comme en Afghanistan. « Tout comme l’Etat-marché multiplie les occasions de choix des individus par consentement, dit Bobbitt, les groupes fondamentalistes cherchent à multiplier dans la vie quotidienne les occasions d’obéissance pour assurer le sauvetage spirituel de leurs membres et des populations civiles qu’ils contrôlent. » Les populations civiles. Elles sont le point névralgique. Le choix systématique de les prendre pour cible remonte à l’époque que Bobbitt nomme « la longue guerre », le XXe siècle européen : bombardement de Londres par l’Allemagne nazie en 1942, destruction des villes allemandes par les Alliés en 1944.Nagasaki et Hiroshima, enfin, entérinent la fin de l’ancien « champ de bataille » : de par sa seule puissance, la bombe atomique rendait caduque toute stratégie militaire, et impliquait que les centres urbains civils seraient désormais les seules cibles rationnelles des conflits. Est alors apparu ce qu’on appelle l’équilibre de la terreur.

Que devient cet équilibre dans notre environnement aujourd’hui? La taille de la cible, tout d’abord, n’a fait que croître : « Le nombre d’habitants des villes à l’échelle mondiale, rappelle Bobbitt, dépasse à présent les 3 milliards. » La menace de prolifération nucléaire, ensuite, entre ambitions iraniennes et nord-coréennes et trafics divers n’a pas disparu. Bobbitt raconte avec un luxe de détails l’histoire du docteur Khan qui, s’il n’avait été arrêté récemment, aurait déclenché une course aux armements au Moyen-Orient.Et des technologies militaires ou scientifiques sont accessibles au commun des mortels. Enfin, les concepts stratégiques qui protégeaient l’Occident se sont évanouis : qui peut dire avec certitude où passe désormais la frontière entre guerre et paix? Tel est, pour Bobbitt, l’âge de la terreur : non pas une imminente vague d’attentats susceptible de tout détruire, mais la menace que fait courir à l’ordre constitutionnel des démocraties l’émergence de nouveaux pouvoirs violents – étatiques ou non. C’est pourquoi il parle « des guerres contre la terreur » – et il faut noter le pluriel. Le cycle, selon lui, a commencé dès l’annexion du Koweït par Bagdad en 1991, s’est poursuivi dans les Balkans puis en Irak et en Afghanistan.

Les attentats de New York, Londres et Madrid ont eu un rôle déterminant, dans la mesure où la panique que ces attaques entraînent peut suffire à mettre en péril l’ordre démocratique. La lutte contre la terreur, selon Bobbitt, consiste à armer les démocraties de manière à ce qu’elles puissent lutter un jour, en cas d’attaque terroriste, contre leurs propres tentations martiales. C’est là toute la dimension infernale du problème : comment mesurer la victoire quand elle consiste à ce qu’un événement ne se produise pas?

CONSÉQUENCE AMBIGUË

Bobbitt prône, sur le plan militaire, la mise au point d’une nouvelle stratégie dissuasive adaptée aux « habits neufs de la terreur ». Il milite par exemple pour ce qu’il appelle la guerre « preclusive », une forme d’interventionnisme armé.Il plaide également, sur le plan juridique, pour l’adaptation dès aujourd’hui des législations des sociétés civiles en vue des temps nouveaux qui s’annoncent. Le raisonnement a sa logique : il faut agir tant que nous sommes sereins pour ne pas avoir à le faire dans l’urgence et risquer la loi martiale; mais la conséquence est ambiguë puisqu’il s’agit d’adapter les lois pour vivre en temps de paix comme si l’on était déjà en guerre.

Ainsi Bobbitt ne se contente-t-il pas de prôner, aux Etats-Unis, le renforcement de certains pouvoirs de l’Etat fédéral et la mise en place d’une carte d’identité nationale (toujours inexistante). Il défend aussi, parmi d’autres mesures, la surveillance des communications privées et un examen médical obligatoire des passagers dans les aéroports. Afin d’éviter l’attentat-suicide d’un terroriste contaminé, il décrit une machine dans laquelle chaque passager cracherait un peu de salive automatiquement analysée, dresserait l’état de santé de chacun au risque pour le voyageur de se voir refuser le vol si une maladie est détectée.

Science-fiction, paranoïa, ou nouveau visage des démocraties occidentales? Selon le département américain des transports, plusieurs aéroports dont JFK, à New York, et Los Angeles, viennent de se doter de scanners permettant de voir sous les vêtements des passagers… « Rien ne peut préparer le prochain président des Etats-Unis aux transformations qui devront se produire durant son mandat, écrit Bobbitt dans l’une des dernières phrases de son livre, sinon qu’il y a à l’horizon quelque chose – possiblement hostile à notre système de gouvernance – que nous n’avons jamais rencontré auparavant. »

De notre envoyé spécial à New York, Marc Weitzmann

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