IDF – 3e Journée Internationale du Femslash

Et nous revoici à ce moment de l’année où nous pouvons célébrer gaiment le femslash.

Cette année, c’est vous qui avez choisi le programme en me donnant 26 prompts pour un mème alphabétique.

Je dois toutefois reconnaître que si j’étais pleine d’enthousiasme au début, j’ai passé globalement un mauvais semestre (ce qui peut se deviner par le faible nombre de billets depuis le début de l’année en dehors de mes petits rapports post-concerts). Cela a joué également sur mon inspiration.

Je vous rassure, vous allez avoir de la lecture.

Mais il n’y en aura que 21 au lieu de 26. C’est catastrophique à dire, mais je n’ai plus du tout l’inspiration pour écrire Xéna et Gabrielle !! Je vais mettre aux votes dans le billet suivant ce qu’il va advenir des cinq lettres restantes.

Il s’agit plutôt de mini-fics que de drabbles, mais je ne crois pas que vous allez vous plaindre. Par ailleurs, les textes n’ont été relus que par moi pour l’instant. Comme d’habitude, la version relue et corrigée sera placée dans les archives.

Alors bonne lecture après le saut de page…

A : Attentat – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/Andy (proposé par Gaxé) – 118 mots

Une série d’attentats venait de se produire dans l’un des nombreux points chauds du globe. Miranda Priestly, rédactrice en chef d’un des meilleurs magazines de mode au monde, ne s’en serait pas plus soucié que d’un autre incident du même genre si sa partenaire, grand reporter au NY Times ne se trouvait pas également dans cette ville.

Alors elle ferait comme à chaque fois que la situation se présentait – ce n’était hélas pas la première fois : elle attendrait le plus patiemment possible que le téléphone sonne, priant que ce soit Andy au bout du fil pour lui dire que tout allait bien, mais s’attendant toujours à ce qu’un étranger lui annonce la disparition de la journaliste.

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C : Crise – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/ Andy (proposé par Tounpa) – 338 mots

« Andy, il faut que tu reviennes immédiatement ! »

Andréa Sachs vérifia le numéro d’appel. C’était bien le bureau et sa collègue Emily Charlton.

« Mais tu te doutes bien qu’avec tout ce que j’ai à faire, je n’ai pas encore fini ! »

Emily la laissa à peine finir. « Ce n’est pas grave… j’irai… on trouvera une solution… »

« Emily… Em… Que se passe-t-il ? »

« Je ne sais pas. » Emily semblait au bord des larmes. « Elle a appelé dans la matinée. Je suis venue immédiatement. Elle m’a regardée et m’a renvoyée à ma place. Depuis, nous sommes en état d’alerte maximum. Rien ne peut la contenter. Même Nigel n’a pas réussi à déterminer quel était le problème… »

Andy profita qu’Emily reprenait sa respiration. « Elle n’hésite pourtant pas à s’exprimer quand il y a un problème… Mais tu ne crois pas que si je reviens sans avoir accompli tout ce qu’elle m’a demandé, je risque ma tête ? »

« Dans l’état où elle est, nous sommes tous sur un siège éjectable… »

« OK, j’arrive. Je passe chez Starbucks avant de monter. »

Quinze minutes plus tard, Andy pénétrait dans l’espace qu’elle occupait avec Emily. Elle posa rapidement les divers sacs qui occupaient ses bras, puis entra dans le bureau de Miranda Priestly. Elle plaça le café brulant à portée de main de son irascible chef. Ce n’était pas l’heure à laquelle elle en buvait habituellement un et s’attendait à une réflexion.

Elle s’apprêtait à quitter le bureau quand elle entendit derrière elle un soupir de satisfaction suivi de « Je ne crois pas être déraisonnable, Andréa. Pourquoi semblons-nous être les seules personnes compétentes ce matin ? »

Il n’y avait bien sûr aucune réponse. Emily acheva la liste des tâches d’Andy et la journée se déroula on ne peut mieux, comme si les premières heures de la matinée n’avaient pas eu lieu.

Si quelqu’un remarqua ensuite que Miranda fit en sorte d’avoir Andy toujours à proximité les jours suivants, personne n’en fit mention à haute voix. Qui aurait été assez fou ?

Miranda semblait enfin de bonne humeur.

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E : Encre – Strangers in Paradise – K/F (proposé par Fidhji) – 153 mots

Elles avaient fait longuement l’amour et se retrouvaient maintenant dans cet état, un peu déconnectées, pas encore endormies, où les idées, non surveillées, peuvent s’exprimer. Katchoo reposait dans les bras de Francine, la tête sur son épaule, et d’un doigt curieux, suivait le tracé du tatouage sur le sein gauche de sa compagne. Elle sentait la légère variation de texture là où l’encre avait pénétré la peau.

Avant qu’elle ne puisse retenir les mots, elle s’entendit déclarer. « Je crois que j’ai envie d’un nouveau tatouage… Peut-être pour recouvrir l’ancien… »

La réponse ne se fit pas attendre. « Non ! »

Katchoo redressa la tête. « Non ? »

« Non pour recouvrir l’ancien. Mais si tu veux un nouveau tatouage ailleurs… tu as déjà une idée de dessin ? »

Katchoo reprit sa position initiale. « Peut-être… je te montrerai demain… »

« D’accord. Il se pourrait que je sois aussi intéressée… mais demain. » Francine tendit un bras et éteignit la lumière.

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F : France – Original (La Chambre 713) Nalan/Odile (proposé par le Chaton Fripon) – 358 mots

J’ai reçu une lettre de France. Ce n’est pas la première. Cela fait deux ans que je reçois des lettres de France. La première, je ne l’attendais pas. J’avais très vite écrit en me servant d’un programme de traduction automatique. L’une des secrétaires est une cousine et je lui ai servi d’alibi une fois ou deux quand elle voulait sortir le soir, avant qu’elle ne se marie. Alors après m’avoir expliqué comment ça marchait,  elle me laisse me servir de son ordinateur pendant ma pause déjeuner. Je ne pouvais demander d’aide à personne à l’hôtel car sinon, j’aurais dû expliquer que j’allais écrire à une ancienne vacancière. Ma cousine est suspicieuse – elle pense qu’il s’agit d’un homme -, mais elle ne peut vraiment rien dire.

J’ai pris mes cours de français et je m’essaie à l’anglais. Si cela pouvait me permettre de ne plus être femme de chambre…

Après ma première lettre, j’ai eu une réponse. J’ai pu comprendre ce qu’elle disait grâce au dictionnaire. Et c’est comme ça que ça a commencé. Au début, c’était dur, mais j’ai beaucoup travaillé pendant l’hiver et au cours des mois, c’est devenu plus facile.

Elle va venir en novembre. Trois semaines. Il fait encore très beau à Antalya à cette période de l’année. Je lui ai trouvé un petit appartement à louer dans la vieille ville. Le propriétaire était bien trop content de voir sa saison se prolonger encore un peu. Je travaille d’avril à novembre d’habitude, mais j’ai pu obtenir sans difficulté de m’arrêter fin octobre.

Nous allons passer trois semaines ensembles. Cinq nuits de passion, deux ans de correspondance et maintenant, trois semaines sans rien pour nous distraire. Elle a dit qu’elle allait louer une voiture et nous ferons du tourisme. Cela me faire rire, mais elle connait des endroit dans mon propre pays où je n’ai jamais mis les pieds. J’aurais voulu aller en France, mais l’hiver à Paris n’est pas aussi beau. Et c’est très difficile d’obtenir un visa. Et ça coute très cher. J’ai un peu peur, mais elle me dit qu’elle aussi est nerveuse. Nous n’avons plus que quatre mois à attendre.

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G : Gourmandise – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/ Andy (proposé par Tounpa) – 265 mots

« Miranda, tu es gourmande. J’en étais sûre. » s’exclama Andréa Sachs. Elle avait dû s’absenter une dizaine de minutes pour prendre un appel professionnel et en revenant finir son dîner, elle avait surpris Miranda avec une cuillère dans son dessert. Miranda qui fuyait le sucre comme une plaie, qui ne manquait pas de commenter les habitudes suicidaires d’Andy à chaque fois qu’elle se laissait tenter par une douceur, cette Miranda avait la cuillère de son café dans le dessert d’Andréa.

Miranda retira lentement sa cuillère et dit d’un ton hautain. « Ce n’est pas la peine de m’insulter. »

Mais Andréa connaissait sa compagne et savait que cette réplique cachait de la honte à s’être fait prendre et plus encore à avoir cédé à la tentation. Il ne fallait surtout pas pousser Miranda dans un coin.

Alors elle fit comme si de rien n’était. Elle approcha un peu plus sa chaise et son dessert de la place de Miranda et partagea sa mousse au chocolat, particulièrement légère, à laquelle était mêlée des éclats de noisettes et de chocolat pour le craquant. Elle n’eut qu’à tendre une première cuillérée en disant. « Ça ira très bien avec ton café. »

Ces petites entorses au quotidien n’étaient pas fréquentes, Mais Andy savait que Miranda était gourmande. Elle n’aurait pas pu réussir dans son activité professionnelle sans gourmandise, même si celle-ci se manifestait à l’égard de la haute couture.

Elle n’aurait pas pu aimer Andy, alors que chacune de leur rencontre réinventait la définition du mot sensualité.

Oui, Miranda était gourmande. Mais comme de nombreux autres traits de caractère, elle le cachait bien.

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H : Hélicon – Original (Le Chevalier à la Rose) – Erika/ Athéna (proposé par le Chaton Fripon) – 147 mots

Erika et Athena se dirigeaient tranquillement vers le salon de répétition qui leur avait été alloué et où devrait les retrouver le grand chef d’orchestre Kenji Okagawa quand elles entendirent des éclats de voix. Un attroupement s’était formé dans le passage autour du maestro Okagawa et plusieurs de ses assistants semblaient rétrécir devant lui après chacune de ses paroles. Elles s’approchèrent doucement et demandèrent à un technicien s’il savait ce qui se passait. Celui-ci haussa les épaules. « Le Maestro participe a un petit festival cet été et ils ne sont pas capable de lui trouver un joueur d’hélicon à son goût. Ils lui proposent des tubas à la place. »

Les deux femmes s’éloignèrent, puis en se retenant de rire, Athéna dit tout doucement. « Il aurait sûrement explosé si on lui avait proposé un joueur de sousaphone. »

Un coup de coude dans les côtes fut sa seule réponse.

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I : Indigo – Star Trek Voyager – 7/J (proposé par Fidhji) – 161 mots

Sur cette planète, la mer a une teinte indigo. A une époque de ma vie, quand j’étais un drone borg, sa couleur ne m’aurait pas semblé être un paramètre utile. Au mieux, j’aurais dit qu’elle était bleue. Que ce soit bleu de Prusse, bleu marine, bleu céruléen, turquoise ou lapis-lazuli, ces nuances m’auraient été égales.

Ici, la mer est indigo. (47, 0, 127) en codification RVB.  Je pourrais chercher quel est le composant qui favorise cette teinte alors que tout le reste de la planète est si semblable à la Terre que je ne connais que grâce à des holo-images. En fait, une partie de mon cerveau connait déjà la réponse, mais celle-ci n’apporte rien à ma réflexion.

La mer est d’un bleu indigo et parce que je reconnais cette couleur particulière, je sais que je progresse dans la reconquête de mon humanité.

Les yeux de ma maîtresse adoptent aussi parfois cette nuance particulière, juste avant que je la fasse jouir.

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J  Jodhpurs – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/Andy (proposé par le Chaton Fripon) – 167 mots

« Un jodhpur Andréa, vraiment ? »

« Il est de Balenciaga. »

« Ce n’est pas là le problème… » Un an de relation avec Andréa avec amené Miranda, pour la première fois de sa vie, à réfléchir à l’impact que ses mots pourraient avoir sur sa jeune compagne. « Ils ne vont bien qu’aux mannequins qui, comme tu aimes à me le rappeler, n’ont pas de formes. »

« Mais tu les aimes, mes formes ? »

« Absolument, ma chérie. Mais ce sont tes formes qui n’aimeront absolument pas ce jodhpur. Et comme je ne crois pas que tu aies l’intention de te mettre à l’équitation… »

Andréa frissonna à l’idée. « Alors je n’ai rien à me mettre. »

L’idée qu’André n’ait rien à se mettre pour le premier pique-nique à Central Park jamais organisé par Runway était à la fois impensable et absurde. Comment pouvait-elle penser que Miranda n’aurait pas tout prévu, y compris la tenue portée par Andréa, pour cet évènement hautement public, même s’il avait été imposé par Irv pour tenter de démocratiser le lectorat.

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K : Kimono – Strangers in Paradise – K/F (proposé par Fidhji) – 203 mots

Personne ne voulait la croire quand elle disait qu’elle n’aimait pas les surprises. Alors que Katchoo pensait que toutes les portes de son passées étaient fermées à double tour, quelque chose remontait à la surface, aussi anodin que ce vieux kimono de soie bleu clair que Francine avait trouvé dans un carton d’affaires envoyé par Tambi et qu’elles n’avaient pas eu le temps de ranger plus tôt. Elle avait littéralement pété les plombs, s’en était prise à Francine qui n’avait pas compris sa réaction. Ses cris avaient réveillé les bébés qui s’étaient mis à pleurer, effrayés. Francine lui avait alors dit doucement d’aller se calmer. Elle n’était pas en colère. Il y avait de la compassion dans son regard. Katchoo était partie en courant.

Et maintenant, elle montait doucement l’escalier qui menait aux chambres. La nuit était déjà bien avancée et tout le monde semblait dormir. Francine avait laissé une lampe allumée dans leur chambre et elle reposait, l’air serein, sur son côté du lit. Katchoo se glissa sous les draps et sentit immédiatement Francine se coller contre elle, toute chaude de sommeil. Puis quelques mots murmurés. « Ça va mieux ? » Un léger hochement de tête pour toute réponse. « Alors dors, on discutera demain. »

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M : Massages – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/Andy (proposé par Mage pas sage) – 333 mots

Elle n’avait pas bougé de son bureau de toute la nuit, plongée dans son travail. Elle avait entendu les autres dîner – un plateau lui avait été monté auquel elle avait à peine toucher -, puis plus tard se coucher. Elle pensait même qu’on lui avait souhaité une bonne nuit en lui demandant de ne pas trop tarder. Mais elle était sur quelque chose d’important qui ne pouvait souffrir aucun délai.

Elle pensait enfin en être venue à bout quand elle sentit deux main sur ses épaules. Elle tenta de s’étirer sans perdre le contact.

Une voix chérie lui glissa dans l’oreille. « Tu es toute raide. Ça ne te réussit pas de rester debout toute la nuit. » Les deux mains se mirent à masser ses épaules.

« J’ai enfin fini. Tu veux jeter un coup d’œil ? »

« Plutôt demain matin… enfin, après le petit-déjeuner. » Les deux mains glissèrent devant et vinrent défaire les boutons du chemisier qui glissa, avec un peu d’aide, le long des bras.

« T’ai-je déjà dit que tu as des mains magiques ? » Le massage avait repris, sans l’entrave du vêtement. Les deux femmes restèrent sans parler quelques minutes. Puis les deux mains glissèrent à nouveau le long du torse pour s’arrêter sur deux seins qui semblaient bien réveillés.

Andréa se cambra cherchant à accroitre le contact, puis elle se tourna à moitié dans son fauteuil et attrapa Miranda par la taille pour la faire asseoir sur ses genoux.

« Que fais-tu debout ? »

Miranda se blottit contre Andréa. « Tu me manquais… »

D’une main, Andréa ferma son ordinateur tout en caressant le dos de sa compagne. « Allons nous coucher ! »

Miranda se leva. « Je ne suis pas sûre de pouvoir  me rendormir. »

Andréa la suivit tout en éteignant les lumières sur leur passage. « Je me sens particulièrement rechargée après avoir enfin fini cette enquête… peut-être pourrais-tu reprendre le massage où tu t’étais arrêtée ? »

Miranda prit la main d’Andy et l’attira vers elle. « Quelle merveilleuse idée ! Viens. Ne traînons pas ! »

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N : Nadar – original (Les Deux Morts…) – Lucie/ Mathilde (proposé par le Chaton Fripon) – 193 mots

Lucie referma son livre en déclarant. « je veux écrire un article sur Nadar. »

Mathilde leva les yeux. « Viens m’aider à éplucher les légumes ! On a déjà fait un article sur Niépce et un autre sur Daguerre. Je sais ton amour pour la photographie, mais tout le monde ne partage pas tes goûts. »

Lucie s’installa à la table et prit un couteau. « Niépce et Daguerre, c’était inévitable : le centenaire de la première photographie. Mais Nadar, c’est un vrai personnage. Un peu aventurier, vaguement espion à une époque. C’était un caricaturiste réputé avant de se mettre à la photographie. On lui doit les portraits de tous les artistes et personnalités d’intérêt du siècle dernier. Ce fut aussi également un aérostier. Il a même inspiré un personnage à Jules Verne… »

Mathilde éclata de rire. « D’accord, d’accord, tu m’as convaincue. On essaiera de vendre l’article à L’Illustration. Avec quelques clichés célèbres ou mois connus, ça devrait leur plaire. Je les contacterai lundi. »

Lucie ne cria pas victoire trop fort. Mathilde n’avait pas montré trop d’opposition au projet, mais elle saurait lui présenter la facture au moment opportun quand un sujet lui tiendrait vraiment à cœur.

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O : Ombre – original (Souvenirs de vacances) – Frankie/Isabelle (proposé par Fidhji) – 136 mots

Nous avons enfin réussi à acheter la maison de nos rêves. Dans l’arrière-pays, au calme. Non, elle n’est pas au bord de la mer : nous passons déjà presque tout notre temps sur l’eau. Frankie est au fond du jardin. Nous avons à peine fini de sortir l’essentiel des cartons, il y a plein de choses à faire bien plus importantes, mais elle est au fond du jardin, sous un vieux pommier, avec une échelle et elle fixe une balançoire. Parce que je lui ai dit un jour que c’était un rêve d’enfant d’avoir une balançoire dans le jardin.

Quelques nœuds marins bien solides et elle a fini. Elle s’est assise dessus pour en éprouver la solidité et se balance doucement, passant de l’ombre à la lumière, puis repassant dans l’ombre.

C’est la femme que j’aime.

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P : Procrastination – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/ Andy (proposé par le Chaton Fripon) – 237 mots

Miranda fronça les sourcils en regardant les photos que lui présentait Nigel.

Miranda avait froncé les sourcils toute la matinée et rien de ce qu’on lui proposait ne semblait lui convenir. Elle ne lançait même plus une de ces remarques cinglante dont elle avait le secret. Elle ne faisait que froncer les sourcils.

Parce que Miranda venait de réaliser qu’elle n’avait pas envie d’être à Runway ce matin. Elle avait bouleversé son agenda, était passée d’un sujet à l’autre, mais rien ne pouvait retenir son attention. Et elle fronçait les sourcils.

L’absence de talent, d’âme dans tout ce qui lui était présenté la consternait, mais elle n’en avait cure. Elle pensait à la nuit passée avec Andréa. Et à Andréa qui avait décidé de rester chez elle pour travailler. Elle sut enfin ce qu’elle devait faire et son front se libéra de cette tension.

Elle se leva et demanda sans élever la voix. « Sac. Manteau. Prévenez Roy ! » Puis se tournant vers Nigel, elle ajouta. « Je ne reviens pas. Fais en sorte que l’on me présente quelque chose demain qui puisse être publié dans Runway ! »

Miranda ne s’autorisa à sourire, imperceptiblement bien sûr, qu’une fois dans la voiture, après avoir demandé à son chauffeur de la conduire chez Andréa. Elle se demanda brièvement s’il lui faudrait beaucoup de temps pour admettre qu’en dehors de ses filles, Runway n’occupait plus systématiquement la première place dans ses pensées.

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Q : Quatre-heures – original (Le Chevalier à la Rose) – Erika / Athéna (proposé par Mage pas sage) – 187 mots

Erika et Athéna  étaient dans la maison d’Erika depuis plusieurs semaines maintenant, avant d’aller faire chacune de leur côté, quelques apparitions dans plusieurs festivals estivales. Le temps était particulièrement beau et Erika avait profité de sa piscine. Quand elle réalisa qu’elle avait oublié de d’amener une bouteille d’eau, elle se leva en grommelant et se dirigea vers la cuisine. Elle y trouva Athéna attablée qui semblait avoir fini sa séance de travail. Elle avait à portée de main du pain de mie tout frais et un impressionnant pot de pâte à tartiner. Elle ne put s’empêcher de taquiner la jeune femme.

« Comme les enfants, tu as besoin d’un quatre-heures ? (en français dans le texte)

Athéna ne se laissa pas perturber. Elle finit sa tartine, ferma le pot et lécha la cuillère. Puis elle se leva en souriant et vint jouer avec la ceinture du peignoir d’Erika. « Bien obligée, je vais avoir besoin de toutes mes forces. »

Erika leva un sourcil interrogateur.

Athéna parvint enfin à écarter les pans du peignoir et glissa ses mains sur les hanches de sa compagne. « J’ai une envie folle de te montre les plaisirs d’un cinq-à-sept… » (toujours en français dans le texte)

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R : Retrospective – original (Le Mannequin Chinois) – Eleni/Sandy (proposé par le Chaton Fripon) – 299 mots

Eleni pénétra doucement dans l’atelier de sa compagne de plus de 30 ans. Elle l’avait appelée plusieurs fois pour lui dire que le déjeuner était servi, mais sans réaction de sa part, elle avait décidé de venir la chercher.

Sandy était assise à côté de plusieurs de ses toiles et semblait pensive. Eleni s’installa sur l’accoudoir.

« Quel est le problème ? je pensais que toutes les œuvres avaient été sélectionnées… »

« Ils veulent des nus… » Sandy avait l’air franchement ennuyé.

Eleni passa sa main dans les cheveux gris d’un geste apaisant. « Plusieurs des plus grands musées d’art moderne au monde s’associent pour proposer, de ton vivant, l’exposition la plus complète sur ton œuvre. Bien sûr qu’il veulent des nus ! »

Sandy s’appuya un peu plus contre Eleni. « Mais ceux-là ne sont pas très bons… »

Eleni commençait à deviner où se situait le problème. « Mais ils ne sont pas tous là. Tous ceux que tu as fait de moi… »

Sandy l’interrompit. « Mais je ne veux pas… »

Eleni poursuivit. « Ce n’est pas comme si personne ne savait qu’ils existaient. Et si tu veux préserver ma modestie, choisis parmi les plus anciens ! A mon avis, il y a certains de tes meilleurs travaux et je ne dis pas ça parce qu’ils me représentent. »

Sandy ne put s’empêcher de sourire. « J’étais très inspirée. »

Eleni sourit également en se remémorant certaines séances de pose. « Il y en a quand même plusieurs qui ont eu de la chance d’être achevés car ton inspiration n’était pas vraiment à la peinture. »

Sandy se leva du fauteuil. « Et à qui la faute ? On n’a pas idée d’être aussi belle. D’ailleurs, tu n’aurais pas envie de reposer pour moi ? J’ai quelques idées que je voudrais travailler… »

Eleni éclata de rire. « Viens déjeuner ! On en parlera après. »

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S : Saint-Valentin – Le Diable s’habille en Prada – Miranda/ Andy (proposé par Tounpa) – 208 mots

Miranda Priestly n’avait jamais « fêté » la Saint-Valentin. Plus que n’importe qui d’autre, elle savait combien cette fête des amoureux était artificielle et commerciale. Bien sûr, elle avait reçu des ses divers maris le bijou, le bouquet de fleurs obligatoire, elle avait accepté en souriant les cartes confectionnées par ses filles. Mais pour elle, la Saint-Valentin était un sujet incontournable du numéro paraissant en février de chaque année et sur lequel elle commençait à travailler dès le mois de novembre.

Aussi, quelle ne fut pas sa surprise quand elle reçut un magnifique bouquet le 14 novembre de cette année accompagné d’une carte lui souhaitant une heureuse saint-Valentin et l’invitant à dîner le soir même dans l’un de ses restaurants favoris.

Elle n’avait aucun doute sur l’identité de son admiratrice – elle avait reconnu l’écriture.

Quand elle arriva à sa table préférée, Andréa l’accueillit avec une unique rose et devançant la question, elle lui rappela qu’elle savait tout de son calendrier « décalé ». Il lui semblait donc normal, au moins pour ce jour précis, de suivre le rythme de Miranda.

Et depuis lors, Miranda ne se força  plus à fêter la Saint-Valentin. Par contre, elle institua la règle qu’elle ne serait jamais plus dans les locaux de Runway le 14 novembre.

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T :  Talisman – original (Beynac) – Jehanne / Aliénor (proposé par Fidhji) – 355 mots

Par une belle matinée de printemps, la baronne de Beynac retrouva son ménestrel sur la terrasse qui dominait la Dordogne. Combien de fois avaient-elles partagé un quignon de pain et un gobelet de cidre chaud au cours des mois écoulés ?

« Jehanne, il n’y a rien que je ne puisse dire pour vous empêcher de partir ? »

Le ménestrel baissa la tête. « Ma dame, vous aviez accepté de m’héberger pour l’hiver. Le printemps est revenu depuis plusieurs semaines et les risques de gelée sont quasiment passés. »

« Vous allez nous manquer au château. »

Jehanne sentit sa gorge se serrer. « Vous allez me manquer également, ma dame. Mais je suis un ménestrel. Je dois aller à la rencontre de nouvelles chansons et je dois aussi partager ce que j’ai pu écrire cet hiver grâce à vos bontés. »

Dame Aliénor fouilla dans la bourse de cuir accrochée à sa ceinture et elle en tira une médaille. « Je me doutais de cette réponse. Parfois, je pense que si je n’avais pas toutes ces responsabilités, mes enfants, un mari aux Croisades, je parcourrais aussi les routes. Voici une médaille de Saint Christophe qui a été bénie par le chapelain. Elle vous préservera des dangers du voyage et vous aidera à retrouver le chemin de Beynac quand les beaux jours seront passés. Je voudrais que vous considériez le château comme votre abris permanent pour iverner (forme médiévale du mot hiverner). Si vous le souhaitez bien sûr… »

Jehanne prit la médaille et la passa avec révérence autour de son cou. « J’accepte votre offre avec humilité, ma dame. » Puis elle reprit en souriant. « Vous pourrez commencer à surveiller l’horizon à partir de la Toussaint. »

De ce jour, Jehanne passa tous ses hivers à Beynac.

L’année où la nouvelle de la mort du Baron en Terre Sainte parvint au château, Jehanne cessa ses voyages et resta définitivement à Beynac à la demande de la baronne Aliénor. Mais son talent de troubadour (malgré ses origines modestes) avait été reconnu et bientôt, Beynac devint une étape obligée pour tous les ménestrels qui apportaient les nouveaux chants et repartaient avec les dernières œuvres de Jehanne de Corbie.

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V : Vibration – original (Ce n’est pas toi…) – Clémence/Véronique (proposé par Fidhji) – 311 mots

Véronique avait l’impression qu’un nuage de papillons logeait dans son ventre.

Depuis les évènements qui s’étaient déroulés six semaines plus tôt, elle avait le sentiment de vivre dans une dimension parallèle. Après la déclaration inattendue de Clémence, suivie de deux jours de frustration et d’inquiétude parce que son amie avait décidé de disparaitre, elle avait bien dû se poser quelques questions. Elle se savait une amoureuse impénitente, flirtant avec tout le monde. Elle avait un charme particulier et il lui suffisait de braquer ce charme sur ses nouveaux coups de cœur pour voir les hommes tomber à ses pieds. Elle était pourtant persuadée de chercher le grand amour de sa vie, mais ces liaisons ne duraient jamais longtemps. Le fameux soir, avait-elle tourné son charme vers Clémence, inspirée par le film qu’elles venaient de voir ? Avait-elle voulu voir si ça marchait aussi avec les filles ?

En vérité, le film l’avait troublée. Et pendant le dîner, elle avait soudain vu Clémence sous un autre éclairage. Sa déclaration l’avait alors choquée parce que ça rejoignait ce qu’elle commençait à penser sans être prête toutefois à le reconnaître immédiatement.

Les six dernières semaines, elles ne s’étaient pratiquement pas quittées. Le programme était le même qu’avant : restau, ciné, expo, dîner à la maison. Mais il y avait un petit truc en plus : dîner les yeux dans les yeux, ciné et expo main dans la main, longues séances de câlins sur le canapé. Véronique devait se rendre à l’évidence.

Tout ce qu’elle avait cherché chez les hommes au cours des années, elle l’avait trouvé depuis deux ans chez Clémence et elle ne s’en était pas rendu compte. Elles se correspondaient parfaitement, se complétaient.

Et ce soir, alors qu’elle attendait l’arrivée de Clémence, elle se savait enfin sûre de ses sentiments. Alors, papillons ou pas, elles seraient deux pour le petit-déjeuner le lendemain.

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W : Walkyrie – Xéna – X/G (Proposé par Mage par sage) avec une mise au défi de traiter ce sujet en DWP – défi relevé ! – 239 mots

Andy entra dans la chambre suivie de près par Miranda. Elle laissa  tomber ses chaussures qu’elle tenait à la main et ne vit pas le léger plissement des lèvres de Miranda (bien qu’elle l’ait deviné).

« Tu avais raison. Il faut avoir entendu du Wagner au moins une fois dans sa vie. »

Miranda se rengorgea devant le miroir alors qu’elle commençait à retirer ses bijoux.

Andy vint l’aider à défaire le fermoir de son collier. « Il y a si peu de temps que tu m’as convaincue que je pouvais aimer l’opéra. Je pensais qu’il était trop tôt pour ce compositeur, mais j’avais tort… » Elle esquissa un début de chatouille, mais sans insister. « Attention, ça ne vaut que pour cette fois. Je ne veux pas entendre ça la prochaine fois que tu veux me convaincre d’essayer quelque chose de nouveau. »

Elle enlaça Miranda par derrière. « Merci de prendre la peine de me montrer ce que tu aimes et que je pourrais apprécier également. »

Elle l’embrassa derrière une oreille qui venait d’être libérée d’une boucle, puis murmura. « Tu es ma walkyrie. »

Miranda leva un sourcil. « Voyons Andréa ! une walkyrie ! Revois tes informations ! »

Andréa maintint son étreinte. « Tu es belle, puissante et au milieu du champ de bataille qu’est la mode, tu distingues les héros, les vrais créateurs, du commun des mortels pour les porter au Walhalla, enfin pour les publier dans Runway. Pas d’erreur possible, tu es ma Walkyrie. »

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Y : Ylang-Ylang – original (Lettres à Djamila) – Manu/Christine (proposé par Fidhji) – 197 mots

Il y a de jours où, même après presque 10 ans de vie commune, je ne comprends pas comment cette superbe femme m’a choisie.

Je suis en train de la masser avec une de ces huiles parfumées ramenée de notre voyage en Polynésie. Pour l’instant, c’est son dos, mais je sais qu’elle va bientôt se retourner et s’offrir à moi. Et je ne pourrai bien sûr pas résister.

Soyons honnêtes ! Je suis peut-être la plus âgée (d’une bonne douzaine d’années), mais depuis le début, nous finissons toujours par faire ce qu’elle veut. Elle me voulait, elle m’a eu… d’accord, j’étais consentante (et je le suis toujours). Elle me veut toujours et je ne peux imaginer la vie sans elle.

Dans certains moments de doute, je m’interroge. Puis je reviens à sa réponse habituelle. Nous étions exactement ce dont l’autre avait besoin.

Ça y est, elle se retourne, les yeux déjà mi-fermés, anticipant le plaisir à venir. Je verse à nouveau un peu d’huile parfumée au creux de mes mains et je commence juste à la base de son cou. Mais déjà, elle se cambre et m’offre ses seins. Nous avons toujours autant besoin l’une de l’autre.

~*~

Z : Zénith – Star Trek Voyager – 7/J (proposé par Mage pas sage) – 112 mots

Si l’on m’avait interrogée lorsque j’étais parmi les borgs… si la questions avait eu seulement un sens pour moi, j’aurais dit que ma vie alors était à son zénith. Les borgs tendent à la perfection et selon leurs propres définitions, ils s’en approchent.

Les humains et les autres peuples de l’univers n’ont évidemment pas cette même vue. Le capitaine Janeway pense qu’il me faudrait me débarrasser de tout ce qui était borg en moi pour que mon humanité et ma perfection s’affirment.

Comment lui dire que je suis et serai toujours borg, mais j’atteindrais mon zénith quand j’aurai enfin trouvé le parfait équilibre entre les traits humains et borgs de ma personnalité.

That’s all Folks !

PS : Allez voter dans le billet suivant !

4 réflexions sur « IDF – 3e Journée Internationale du Femslash »

  1. J’étais curieuse de découvrir comment tu saurais plonger dans ses univers si différents.
    Bravo, c’est réussi : l’inspiration a été au RV.
    Félicitations pour avoir squasi tenu le défi 🙂

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